2019 octobre

30 octobre 2019
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Pourquoi poser le problème de la décolonisation épistémique en Afrique ?

 

Dans mon précédent article, je vous proposais de poursuivre notre réflexion sur les raisons de la nécessité de réfléchir aujourd’hui en Afrique, à la décolonisation épistémique. Eh bien, c’est de cela qu’il s’agira ; ou mieux, il s’agira de formuler le problème tel qu’il se pose aujourd’hui à partir de quelques éléments historiques que vous connaissez certainement.

L’échec de la décolonisation politique

En effet, l’histoire de l’humanité a été marquée, entre 1500 et 1960, par divers événements qui ont contribué, particulièrement en Afrique, à l’assujettissement de l’homme par l’homme, à la conquête de l’espace, à la dépersonnalisation de l’être africain et à la dévalorisation de sa culture. Il s’agit de la traite négrière et de la colonisation. Aujourd’hui, l’une des plaies non encore cicatrisée de ces événements historiques, fragilisant les échanges intellectuels entre l’Occident et l’Afrique et empêchant un dialogue franc entre les savoirs, est le maintien de cette forme de colonisation et de domination des savoirs par les anciennes métropoles. Aujourd’hui encore, elle continue d’asservir la pensée des peuples autrefois colonisés et ce, malgré le processus de décolonisation politique qui a conduit progressivement les anciennes colonies aux indépendances. L’une des raisons de cette situation de dépendance de l’Afrique par rapport à l’Europe est, selon Mignolo, l’échec de la décolonisation politique qui n’a pas pris en compte la décolonisation de l’être et de la pensée. Le contrôle des savoirs par la matrice coloniale du pouvoir, la notoriété de la bibliothèque coloniale[1] et le maintien d’un système éducatif calqué sur les modèles des pays colonisateurs en sont des illustrations. Cet échec de la décolonisation politique a pour conséquence une crise identitaire chez le colonisé, crise caractérisée par la négation de sa propre culture et de son être, le maintien de son complexe d’infériorité et un déficit d’échanges francs entre l’Occident et l’Afrique dans le domaine de la pensée.

La décolonisation de l’être et des savoirs

Les nombreuses réactions en termes de productions littéraires, historiques et philosophiques des intellectuels africains pour prouver que le Noir était capable de raisonner comme le Blanc ont ouvert la route au projet d’émancipation de la pensée africaine. Aujourd’hui, ce débat se formule autrement. Comme le souligne le philosophe argentin Walter Mignolo, « The problem is, (…), how to decolonize knowledge and being by affirming the geopolitical legitimacy of knowledge for decolonization, rather than knowledge to control the world by knowing its laws.”[2] Ce qui se traduit  par : « Le problème est, (…), comment décoloniser les connaissances et l’être en affirmant la légitimité géopolitique des connaissances pour la décolonisation, plutôt que des connaissances pour contrôler le monde en connaissant ses lois. »[3] Face à cette nouvelle perspective qui est aussi une préoccupation de la philosophie africaine, nous sommes en droit de nous demander comment une pensée africaine, épurée du poids de l’héritage épistémique colonial, peut-elle se développer et entrer en dialogue avec d’autres savoirs ? Walter Mignolo, à travers ses différents ouvrages, tente de résoudre la question. Il est convaincu que « sans « décolonisation épistémique », une véritable communication interculturelle sera impossible, et qu’aucun échange d’expériences et de constructions sémiotiques nécessaire au fondement d’une rationalité-autre ne pourra avoir lieu. »[4]

Ouvrir les frontières du savoir

De fait, la décolonisation épistémique en tant que processus de déconstruction/construction est une invitation à « apprendre à désapprendre, pour pouvoir apprendre à nouveau. »[5] C’est la recherche d’une logique de pensée autre que celle occidentale et qui puise dans les catégories et concepts africains pour réfléchir les problèmes du continent africain. Un effort d’ouverture des frontières du savoir ; le but étant de créer des ponts qui permettent à la pensée de circuler dans une dynamique de la complémentarité et de la fécondité, sans qu’une pensée ne soit au-dessus de l’autre. C’est un projet qui, loin de vouloir affirmer l’universalisme d’une pensée isolée, fait l’apologie d’un pluriversalisme de la connaissance.

Le mois prochain, nous reviendrons sur la genèse de la pensée décoloniale en insistant sur les événements fondateurs de ce courant de pensée qui semble être incontournable pour l’Afrique si elle veut travailler à une réelle émancipation de ses peuples.

 

Jean-Valère Kouwama

Membre du RJIA

Etudiant au Centre Sèvres/Paris

 

[1] Expression forgée par Yves-Valentin Mudimbe pour désigner toute la littérature écrite par les colons, selon leurs intérêts, sur les peuples colonisés. (Nous reviendrons plus tard sur cette notion)

[2] MIGNOLO, Walter, The darker side of western modernity. Global futures, decolonial options, Durham, Duke University Press, 2011, p. 101.

[3] Cette traduction et les prochaines sont faites par nos bons soins.

[4] MIGNOLO, Walter, La désobéissance épistémique. Rhétorique de la modernité, logique de la colonialité et grammaire de la décolonialité, (Coll. « Critique sociale et pensée juridique » 2), Trad. par Jasmine JOUHARI Y. et MAESSCHALCK M., Bruxelles, Ed. P.I.E. Peter Lang, 2015, p. 148.

[5] Ibidem, p. 124.


29 octobre 2019
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Moi et les ATIA : « LEADERSHIP FÉMININ ET ENJEUX DE VIVRE ENSEMBLE »
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« Ces dernières années, sur le continent africain, dans un contexte où malgré les politiques, stratégies, programmes, actions pour l’autonomisation des jeunes et la réduction des inégalités de genre, la sous-représentation des jeunes dans tous les domaines demeure une réalité incontestable.
Ce contexte difficile n’enfreint pas, paradoxalement, l’émergence d’une catégorie de femmes leaders débordant d’initiatives et d’idées, de solutions innovantes, venant de tous les pays et régions et présentes dans tous les secteurs : religion, éducation, sciences et technologie, communication et médias, affaires et finances, politiques, administration, social etc…

Qu’est ce qui fait leur point commun ?

Elles ont le courage de rompre sans les renier, avec les rôles traditionnels auxquels elles étaient condamnées (reproduction, ménage, etc.). Elles sont des diplômées ou des autodidactes, qui se font un chemin à travers l’adversité, les limitations et les défis pour la majorité et ont un rêve commun : participer à construire une Afrique émergente et indépendante.
Leur plus-value à leurs prédécesseurs, qu’elles respectent et dont elles célèbrent les acquis et réalisations (qui ont tracé, balisé le chemin parfois au prix de leurs vies) : être complémentaires et solidaires, prenant de plus en plus, timidement souvent, conscience de la force de l’unité.

Dans ce contexte, les questions qui émergeront dans un souci de vivre-ensemble au-delà de l’individualisme, des guerres, des divisions de plus en plus grandissant :

– En tant que femme, jeunes femmes et jeunes filles leaders africaines, qu’est ce qui fait notre unité, qu’avons-nous en commun au-delà de nos nationalités, pays, langues, cultures, environnement, perceptions etc… et pourraient constituer à bâtir le vivre -ensemble ?
– En tant que femme, jeunes femmes et jeunes filles leaders africaines, qu’est ce qui fait notre différence, notre unicité et comment pouvons-nous construire un vivre ensemble à travers ces différences tout en n’occultant pas nos défis ?
– En tant qu’africaines, qu’est ce qui au-delà des différences ou unicités demeurent des questions et préoccupations communes à toutes indépendamment de la race, culture, environnement entre autres: « le manque de ressources pour un encadrement solide/systèmes d’appui ; la discrimination sociale, les constructions culturelles et sociales (stéréotypes) qui ne facilitent pas davantage la participation effective à la vie publique ; les mariages précoces, les grossesses non désirées, le difficile accès aux soins de santé et à l’éducation, le chômage (les jeunes femmes sont plus touchées par les hommes), la pauvreté et le manque d’opportunités économiques, les disparités sur le marché de travail, l’absence de mécanisme institutionnels adéquats, de structures, de politiques et de normes sociales pour faciliter l’engagement politique et la capacité à assumer son rôle de leader féminin…

Pour construire le vivre-ensemble comme piste de solutions :

– les principes établis, promus et respectés seront généralement ceux-ci: l’intérêt du groupe au détriment de l’intérêt individuel, l’acceptation mutuelle (au-delà des considérations de race, d’ethnies, de langues, de possessions matérielles ou non, de statut social et de titres), la prise en compte des avis des uns et des autres, le consensus, la tolérance, l’honnêteté, le respect mutuel, l’intégrité, le respect des closes établis, la gestion efficace et efficiente des ressources, la définition objective des priorités…

– des réponses communes et adaptables à chaque spécificité aux problèmes communs rencontrés en tant que jeune femme leader…

Spécifiquement concernant l’école de Vision, elle vient comme une réponse à un problème commun identifié chez toutes les jeunes filles en Afrique : sur le plan de développement personnel, les jeunes filles et jeunes femmes pour la majorité n’ont pas de projets de vie, de rêves ni une vision claire pour leur avenir et ont du mal à s’affirmer et faire émerger le leader en elle. Parmi celles qui disposent de projets de vie, ces projets ne sont pas toujours en accord avec leurs personnalités, compétences et valeurs contribuant ainsi à leur échec. Aussi par manque de confiance en elles-mêmes et évoluant dans un environnement souvent très peu encourageant, avec très peu d’accompagnement, n’osent-elles passer de leurs rêves à la réalité.
Elles manquent également de modèles de femmes auxquelles s’identifier ou des mentors dans tous les domaines (spirituelle, économique, social, politique) qui puissent les accompagner dans leur rêve de vie.

L’École vient donc comme une réponse indépendamment du pays, de la région, de la culture, etc. à trouver des solutions à ces défis tout en sachant que la femme demeure à ce jour la garante de l’éducation en Afrique au-delà des progrès et de la modernité. Elle peut être reproduite dans tous les pays et adaptées à toutes les situations.
Dans une société de plus en plus individualiste, il importe que l’éducation (formelle ou non formelle), inscrive dans ses priorités de développement des programme portant sur le changement de mentalité sur la question, à tous les niveaux et dans tous les milieux pour parvenir à des résultats escomptés en y facilitant l’accès aux jeunes femmes et jeunes filles à ce genre d’initiatives en vue d’en faire des leaders équilibrées et épanouies pouvant contribuer au développement du continent à côté des hommes pour un développement harmonieux ».
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Rendez-vous à Abidjan en juillet et août 2019!! A très vite !!


29 octobre 2019
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Moi et les ATIA !!!

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« Engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes et en faveur des orphelins, je suis Mlle DAKOUO Bessiba Raïssa est diplômée en gestion hôtelière et étudiante en communication.

Attachée à l’éducation de la jeune fille et à l’autonomisation de la femme, je reste convaincue que notre continent ne se fera qu’avec la pleine implication de celle-ci.

Le leadership féminin fait beaucoup parler en ce moment dans nos différents pays, il faudrait que cela devienne une réalité sur le terrain, dans les cercles de prises de décisions, le vivre-ensemble n’en sortira que renforcé puisque dans l’histoire même de nos différents peuples, la femme a toujours été une rassembleuse, trouvant toujours le moyen de donner sa place à chacun des membres de la communauté.La justice, la liberté, la solidarité, la tolérance et l’équité sont des valeurs essentielles à la base de toute société qui se veut évolutive, des valeurs qu’il faut renforcer et les femmes ont un grand rôle à y jouer.

Les Ateliers de l’intégration Africaine seront un rendez-vous du donner et du recevoir, un moment de partage. Nous ferons donc de cette aventure d’intégration africaine, un temps de synergie entre femmes et hommes engagés dans nos sociétés pour booster l’excellence féminine »

Rendez-vous à Abidjan en juillet et août 2019!! A très vite!!


8 octobre 2019
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Moi et les ATIA :  » LEADERSHIP FÉMININ ET ENJEUX DE VIVRE ENSEMBLE »
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L’urgence c’est la femme ! Car c’est elle qui porte le monde.

Je me réjouis que le genre soit au centre des ATIA 2019.
Chaque jour, de nombreuses femmes, jeunes et moins jeunes, s’impliquent avec bravoure et efficacité dans la reconstruction de l’Afrique et pour un monde plus juste.

La femme par nature est un leader, car c’est elle qui donne, porte et entretien la Vie. Elle en est le sel.
Il est donc normal et judicieux de célébrer le leadership féminin.
Aujourd’hui plus que jamais nous devons soutenir et encourager l’implication des femmes dans toutes les sphères du management publique et privé, car quand la femme va ! le monde va !
l’Afrique ne saurait ignorer cette réalité.

Peut-on envisager la construction du monde, sans l’implication de la femme ? Non !

C’est en cela que je trouve intéressante la notion du << Vivre du vivre ensemble >> qui sera au coeur de nos échanges à Abidjan. Cette notion sera vaine, sans la femme. Oui ! Encore la femme et toujours la femme ! Car elle représente : l’acceptation, la solidarité, le renoncement, et l’engagement ; des valeurs et des principes inhérents du « vivre ensemble » .

Pour moi les ATIA 2019, constituent une excellente rencontre et une plateforme idéale pour informer, former et éduquer les jeunes leaders du continent afin que l’Afrique recentre l’action de la femme et le vivre ensemble au sein de ses priorités.
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Rendez-vous à Abidjan en juillet et août 2019!! A très vite !!



Conditions de participation

– Etre âgé (e) de 20 à 40 ans.
– Vouloir vivre une expérience humaine, interculturelle, inter-religieuse et panafricaine.


Modalités d’inscription

– Curriculum vitae
– Lettre de motivation à envoyer via notre adresse mail



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