[La chronique de Jean-Paul Sagadou] – Réactiver le rêve africain : Leçons du Covid-19 pour la jeunesse africaine.

[La chronique de Jean-Paul Sagadou] – Réactiver le rêve africain : Leçons du Covid-19 pour la jeunesse africaine.

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[Réactiver le rêve africain] : Sortir du « confinement » mimétique.

Jean-Paul est religieux assomptionniste. Il est l’initiateur des Voyages d’Intégration Africaine (V.I.A). Depuis une dizaine d’années, il travaille à donner à la jeunesse africaine la possibilité de participer à la construction d’une Afrique nouvelle par des rencontres interculturelles et interreligieuses d’intégration africaine. Dans cette chronique, il est en quête les leçons du covid-19 pour la jeunesse africaine.

 

Tous le reconnaissent : nous traversons une crise sanitaire qui va avoir des conséquences graves sur l’économie de nos pays. Vu d’Afrique, ce qui devrait nous préoccuper, c’est la figure que prendra le continent africain, demain. En tout cas, le Covid-19 nous aura rappeler les énormes défis que l’Afrique doit relever dans les domaines de la santé et de l’éducation. Sur ces deux problématiques, comme sur bien d’autres, aucun pays africain ne peut s’en sortir tout seul.  Au contraire, le domaine de la santé et de l’éducation sont des lieux de mutualisation de nos forces. « L’énorme patrimoine culturel et traditionnel d’où est issue la pharmacopée africaine devrait être davantage mobilisé, mutualisé, panafricanisé, en association avec la médecine et les recherches dites modernes »[1]. Les pays africains feraient mieux d’unir leurs forces pour créer des hôpitaux régionaux, voir panafricains, à la taille des besoins du continent, en intégrant les manières africaines d’habiter le monde. Il est urgent que les Africains réalisent des projets de recherche conséquents dans le domaine de la médecine et on sait que cela passera par l’éducation. La création d’universités panafricaines pour mieux nous « armer de sciences » est indispensable. Nous avons besoin d’universités décolonisées qui prennent en compte les savoirs endogènes, les imaginaires et les symboles africains. Depuis le XVI° siècle jusqu’à nos jours, écrit Joseph Ki-Zerbo, l’Afrique a été inhibée. Elle a été confinée à l’imitation, à la consommation des inventions d’autrui[2]. Ce qu’il convient, c’est qu’après le covid-19, l’Afrique redevienne le lieu des possibles, le lieu des inventions, de la créativité, «  car d’Afrique aussi doivent surgir les savoirs dont le monde d’aujourd’hui a besoin »[3]. En tout cas, c’est l’appel qui nous est lancé par certains intellectuels africains : « Plutôt que de subir et tendre la main à nouveau en attendant meilleure fortune, il serait d’ores et déjà souhaitable de repenser notre vivre ensemble en partant de nos contextes spécifiques et des ressources diverses que nous avons »[4].

Comment s’y prendre ? Eh bien, il faut réunir les conditions. La première chose à faire, c’est d’unir le continent. Elle ne ment pas, la sagesse qui enseigne que « l’union fait la force ». Et il faut garder en mémoire la leçon de Joseph Ki-Zerbo : « on ne développe pas, on se développe ». Or, se développer, c’est tirer de soi-même les éléments de son propre développement.  Il faut mettre fin au processus du « développement octroyé » et passer à la dynamique de l’auto-développement. La condition de l’invention, tout comme la voie du développement, se trouve dans l’unité de l’Afrique. Bien plus, la première condition pour un vrai développement, c’est l’espace africain de développement. Car, «il y a un espace économique minimal sans lequel il n’y aura jamais de développement fondamental dans nos pays. Il n’ y a pas d’avenir pour l’Afrique en dehors de l’intégration à tous les niveaux, y compris, dans la recherche scientifique »[5]. Il nous faudra donc quitter le « confinement » dans lequel la conférence de Berlin nous a enfermés depuis 1884. On ne peut pas réaliser le développement dans le cadre de petits pays[6]. Le développement de l’Afrique sera interafricain, panafricain ou ne sera pas. Le covid-19 nous enseigne à mettre en pratique le conseil que Frantz Fanon donne dans la conclusion des Damnés de la terre : « Décidons de ne pas imiter l’Europe, écrit-il, et bandons nos muscles et nos cerveaux dans une direction nouvelle. Tâchons d’inventer l’homme total que l’Europe a été incapable de faire triompher »[7]. Cette voie est celle qui permettra d’ouvrir de nouvelles perspectives pour les jeunes générations.

 

Jean-Paul Sagadou

Initiateur des Voyages d’intégration africaine (V.I.A)

 

[1] Cf. https://blogs.mediapart.fr/charles-kabango/blog/110420/les-intellectuels-africains-sexpriment-sur-le-coronavirus

[2] Joseph KI-ZERBO, A quand l’Afrique ? Editions d’en bas, Lausanne, 2013, p. 110.

[3] Jean-Marc ELA, L’Afrique à l’ère du savoir.  Science, société et pouvoir, L’Harmattan, Paris, 2006, p. 243.

[4] Cf. https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/130420/aux-dirigeants-du-continent-africain-face-au-covid-19-il-est-temps-dagir

[5] Joseph KI-ZERBO, A quand l’Afrique ?, op. cit., p. 189.

[6] Idem, p. 214.

[7] Frantz FANON, Les Damnés de la terre, Paris, la Découverte, 2002, p. 302-305.

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Conditions de participation

– Etre âgé (e) de 20 à 40 ans.
– Vouloir vivre une expérience humaine, interculturelle, inter-religieuse et panafricaine.


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