[La chronique de Jean-Paul Sagadou] – Réactiver le rêve africain : Leçons du Covid-19 pour la jeunesse africaine

[La chronique de Jean-Paul Sagadou] – Réactiver le rêve africain : Leçons du Covid-19 pour la jeunesse africaine

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[Réactiver le rêve africain] : L’unité de l’Afrique : un rêve possible.

 Jean-Paul Sagadou est l’initiateur des Voyages d’Intégration Africaine (V.I.A). Depuis une dizaine d’années, il travaille à donner à la jeunesse africaine la possibilité de participer à la construction d’une Afrique nouvelle par des rencontres interculturelles et interreligieuses d’intégration africaine. Dans cette chronique, il est en quête les leçons du covid-19 pour la jeunesse africaine.

 

Dans son livre Pour une Afrique libre[1], l’écrivain Kenya Ngugi Wa Thiong’o, écrit que « notre monde actuel doit beaucoup à ceux qui ont rêvé ». L’unité de l’Afrique n’est pas un rêve impossible. Au contraire, les « rêves ont toujours dressé un tableau du possible idéal. Dans notre imagination, nous dessinons les lignes d’un avenir, puis nous tentons de le réaliser »[2]. Il semble qu’à l’époque où quelques humains ont commencé à concevoir l’idée de voler, ils ont été qualifiés de rêveurs, pas de réalistes. Mais ils ont continué à rêver et à essayer. De même, il semble qu’au moment de l’esclavage, dans les plantations, ceux qui parlaient de liberté étaient considérés comme des rêveurs. Mais ils n’ont pas cessé de rêver et d’essayer de réaliser leur rêve. Il en va de même pour les rêveurs de la résistance anticoloniale, qui ont continué à imaginer la victoire et à œuvrer dans sa direction. Il n’est pas vain de rêver que « le temps viendra où nos fraternités se donneront une appellation pacifiée, affranchie du regard des oppresseurs »[3].

Sur cette question de l’unité africaine, l’écrivaine Léonora Miano, écrit : « J’ai ce rêve depuis toujours d’une Afrique unifiée »[4]. Pour elle, « l’unité de l’Afrique est un rêve qu’ont les Africains et certains Afrodescendants depuis longtemps »[5]. Ce rêve l’a toujours habité et tout récemment elle a partagé ce rêve dans un roman intitulé Rouge impératrice. Rouge impératrice  est un roman d’anticipation où Léonora Miano prend sur elle la belle idée de créer des personnages qui incarnent des idéaux dans une Afrique souveraine. Le roman est nourri de légendes africaines, de mots africains où se laisse envisager une Afrique en train de s’inventer elle-même. Rouge impératrice, « c’est le rêve que nous faisons avant de commencer à penser notre avenir. Puisqu’on parle beaucoup, notamment au sein de la jeunesse africaine, de panafricanisme, le roman fournit un peu matière à réflexion : à quoi pourrait ressembler un avenir plus glorieux ? Est-ce que le panafricanisme est faisable ? En racontant une histoire et en plaçant des personnages en situation, on arrive à voir comment on peut procéder. C’est un roman qui fait du bien, tout en bousculant »[6].

Léonora Miano rêve d’un continent africain unifié sous le nom « décolonial » de Katiopa.  L’intelligence et le cœur sont dilatés à la lecture de ce qu’elle écrit : « Les peuples caressaient secrètement le rêve de l’unité qu’avaient porté leurs aïeux, mais beaucoup s’étaient résolus à ce qu’il ne soit jamais réalisé. Ceux qui les avaient précédés ne leur avaient laissés que des noms, des figures de grands défunts à vénérer. Ils ne leur avaient pas enseigné ce que Ntambawe et les membres de l’Alliance leur apprendraient : que la mémoire ne servait à rien si l’on ne savait en faire un socle pour bâtir le futur, que la souveraineté ne serait d’aucune utilité si elle ne prenait pas appui sur la puissance »[7]. Le Katiopa doit travailler « à son élévation, à son épanouissement. Ne plus laisser les autres apporter des solutions toutes faites à des problèmes qu’il n’avait même pas eu le temps de se poser »[8]. Pour Leonora Miano, « Les solutions fédéralistes sont les plus positives, parce que ce sont celles qui nous mettent tout de suite dans l’obligation de prendre en compte les besoins des autres et de considérer que nous sommes tous dans le même bateau »[9]. Pour elle, les États hérités de la colonisation, sont des fabrications européennes, qui ont imposé une conception de la nation qui n’est pas en adéquation avec la sensibilité subsaharienne. Même seulement à l’échelle régionale, avec par exemple une fédération d’Afrique de l’Ouest ou d’Afrique de l’Est, le fédéralisme sera de toute façon toujours plus pertinent pour nous, dans tous les domaines, laisse-t-elle entendre.

A leur manière, chacun de ces écrivains, Ngugi Wa Thiong’o d’un côté et Léonora Miano de l’autre, essaient d’assumer l’héritage du rêve de Kwame Nkrumah, et c’est dans cette dynamique qu’il faut pousser et orienter la jeunesse africaine.

 

Jean-Paul Sagadou

Initiateur des Voyages d’Intégration Africaine (V.I.A)

[1] Ngugi Wa Thiong’o, Pour une Afrique libre, Philippe Rey, Paris, 2017, p. 78.

[2] Idem, p.77.

[3] Léonora MIANO, L’impératif transgressif, L’arche, 2016, p. 103.

[4] https://www.franceculture.fr/emissions/le-reveil-culturel/leonora-miano-jai-ce-reve-depuis-toujours-dune-afrique-unifiee

[5] https://www.iz3w.org/zeitschrift/ausgaben/377_mode/miano_original/ consulté le 27/04/20 à 9h30

[6] https://www.iz3w.org/zeitschrift/ausgaben/377_mode/miano_original/ consulté le 27/04/20 à 9h30

[7] Léonora MIANO, Rouge impératrice, Grasset, Paris, 2019, p. 78.

[8] Idem, p. 90.

[9] https://www.iz3w.org/zeitschrift/ausgaben/377_mode/miano_original/ consulté le 27/04/20 à 9h30

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– Etre âgé (e) de 20 à 40 ans.
– Vouloir vivre une expérience humaine, interculturelle, inter-religieuse et panafricaine.


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