« C’est dans l’unité que nous bâtirons une Afrique digne de son nom »!
Depuis le Perou, Matilde W. Compaoré, jeune religieuse burkinabè, nous confie sa passion pour l’Afrique ! Pour elle, « C’est dans l’unité que nous bâtirons une Afrique digne de son nom ».
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Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je me nomme Matilde W. Compaoré. Je suis religieuse de la Congrégation des Sœurs de Sainte Croix. Je suis burkinabè et je vis actuellement au Pérou (Amérique Latine) où se trouve notre noviciat.
Quelles sont les grandes motivations qui t’ont amené dans la vie religieuse ?
Mon désir d’être religieuse est une aspiration profonde que j’avais au cœur, depuis l’âge de 12 ans. Et, au fil des années de formation, j’ai compris que cela ne venait pas de moi-même, mais de Dieu qui m’a aimé le premier et qui m’invite à témoigner et à partager cet amour inconditionnel avec les autres. Vivre en relation constante avec le Christ, rendre visible le Règne de Dieu parmi nous, m’impliquer dans la formation des jeunes qui sont l’espoir d’un monde meilleur, redonner la dignité et la vraie liberté à l’être humain : voilà ce qui me motive et me propulse dans la vie religieuse.
Depuis l’Amérique Latine où tu vis, quel regarde jettes-tu sur l’Afrique ?
Comme on le dit souvent : c’est quand on sort de son pays que l’on découvre sa vraie valeur. Depuis le monde où je vis actuellement, l’Afrique est vue comme le continent le plus pauvre, le plus affamé et le plus sauvage du monde. Et on nous fait croire que nous sommes inférieurs et incapables. Mais le pire est que, comme Africains, nous nous sommes laissés envahir par ces mentalités qui nous empêchent de voir ce que nous sommes réellement. C’est pour cela que je suis sensible à la problématique de la décolonisation des mentalités. Mon expérience ici en Amérique Latine m’a permis de voir à quel point nous sommes riches, riches de nos personnes, riches de nos cultures et valeurs, riches de nos terres, … Mais nous n’en sommes pas conscients et nos jeunes pensent que le meilleur est toujours ailleurs. Laissez-moi vous dire que nous sommes beaucoup mieux plus que nous n’en croyons. Ce qui nous manque c’est de prendre conscience de nos capacités que nous avons laissé endormir, apprendre à nous développer nous-mêmes et compter sur nos propres ressources. Nous devons apprendre à valoriser et à vivre de ce que nous avons.
Quels défis pour la jeunesse africaine ?
La jeunesse africaine doit s’approprier de l’histoire de l’Afrique (aussi révoltante soit-elle), l’intégrer et essayer d’en construire une autre. L’avenir de l’Afrique dépend de nous Africains, personne d’autre ne viendra améliorer nos vies dans nos pays. Alors, réveillons-nous et corrigeons l’image de notre Afrique dans le monde, en révélant qui nous sommes et de quoi nous sommes capables.
Un dernier mot ?
Pour terminer je dis aux jeunes africains qu’il n’y a pas mieux ailleurs que chez soi. Nous sommes aussi dotés des mêmes potentialités que les autres. Alors levons-nous, unissons-nous, développons des systèmes de gouvernance et de vie propre à nous. C’est dans l’unité que nous bâtirons une Afrique digne de son nom.