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5 août 2020
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[Faire rêver la jeunesse africaine] – Jeunesse africaine – intégration africaine.

#Août 2009-Août 2020 : 11ème anniversaire des Voyages d’intégration africaine (V.I.A)
#Le rêve panafricain de Anne Natacha BAMOGO !

Longue est la liste de tous ceux et de toutes celles qui, hier encore, parvenaient, à faire rêver les hommes, à élever leur esprit, à mobiliser leur énergie.  Quand Nkrumah a émis la lumineuse idée du « Africa must unite », il y avait chez lui une inspiration, une vision et une volonté politique qui ont fait marcher la jeunesse africaine de son temps. Aujourd’hui encore de nombreux jeunes rêves d’une autre Afrique. Dans le cadre de la célébration du 11ème anniversaire des Voyages d’Intégration Africaine (V.I.A), laissons-nous entrainer par le rêve Anne Natacha BAMOGO. Elle répond aux questions du P. Jean-Paul Sagadou.

 

J-Paul Sagadou : Peux-tu te présenter aux lecteurs de notre site ?

Anne Natacha Bamogo : Je suis Anne Natacha BAMOGO. Je travaille dans une agence de communication actuellement et je suis membre de deux associations qui militent pour la valorisation de l’Afrique.

J-P. S. : Quels sont tes liens avec le R.J.I.A ?

A.N. B : Dans mon pays, le Burkina Faso, je suis membre du Réseau de Jeunes pour l’Intégration Africaine (R.J.I.A) et je suis chargée de communication dans le bureau régional.  J’ai participé à 6 éditions des voyages d’intégration africaine (VIA) sur 7 éditions organisés depuis 2009. Autant dire que je suis une habituée de cette belle activité.

J-P. S. : C’est quoi qui t’attire dans ces V.I.A pour que tu participes presque à toutes les éditions depuis le début ?

A.N. B : Si j’ai continué à participer à ces voyages, c’est parce que j’ai vu cette activité comme un tremplin pour moi, et pour la jeunesse africaine en général, vers une ouverture au monde, une découverte de nos cultures en Afrique, une découverte de la sous-région ouest africaine et enfin un moyen de penser ensemble, et autrement, la construction d’une Afrique unie où il fait bon vivre.

J-P. S. : Au-delà de ce que tu viens de partager, voudrais-tu mettre l’accent en particulier sur ce que ces V.I.A t’ont apporté ? 

A.N. B : Les V.I.A m’ont permis de découvrir une partie de l’Afrique de l’Ouest. Grâce à ces voyages, je suis allé au Togo, au Bénin, au Mali, en Côte-d’Ivoire, au Sénégal et au Ghana. Ce n’est pas rien. Et ce n’était pas que du tourisme. En effet, avec les V.I.A, j’ai pu me former à diverses thématiques en lien avec les questions essentielles pour notre continent : la démocratie, la citoyenneté, la réconciliation, le panafricanisme, etc…Bien plus, l’occasion m’a été offerte de partager ma culture aux autres et de connaître la leur. Vraiment, du point de vu intellectuel, j’ai beaucoup appris sur l’Afrique grâce aux ateliers et conférences qui ont lieu pendant ces V.I.A et cela est venu compléter ma formation scolaire et universitaire. J’ai aussi fait des rencontres de personnalités que je n’aurai jamais sans doute pas rencontrées si j’étais restée chez moi. Je pense à l’intellectuel béninois décédé récemment, Albert Tevoedjire, à l’écrivain Cheikh Hamidou Kane du Sénégal, etc. Bref, grâce aux V.I.A j’ai, aujourd’hui, une plus grande connaissance de l’Afrique, une ouverture d’esprit encore plus grande et je me suis fait de nombreux amis.

J-P. S. : Comment vois-tu l’avenir pour les V.I.A ?

A.N. B : Je souhaite que ces voyages continuent et qu’ils puissent constituer un canal plus formel pour les jeunes désirants étudier dans un pays de la sous-région autre que le leur.

J-P. S. : Un rêve pour l’Afrique ?

A.N. B :  Je rêve d’une Afrique qui se replonge dans ses imaginaires et ses symboles pour apporter sa part au devenir de notre monde. Je rêve que les africains accordent une place importante à leurs richesses culturelles, intellectuelles et naturelles. Je pense que c’est en partant de là que les africains pourront changer l’image de l’Afrique et continuer à travailler à son développement.

J-P. S. : Merci Anne Natacha Bamogo !

A.N. B : C’est moi qui vous remercie de l’opportunité que vous me donnez de témoigner des V.I.A qui durent déjà depuis 11 ans !

 

 

 


5 août 2020

[Faire rêver la jeunesse africaine] – Jeunesse africaine – intégration africaine

#Août 2009-Août 2020 : 11ème anniversaire des Voyages d’intégration africaine (V.I.A)
#Le rêve panafricain de Brice SAMPO !

Longue est la liste de tous ceux et de toutes celles qui, hier encore, parvenaient, à faire rêver les hommes, à élever leur esprit, à mobiliser leur énergie.  Quand Nkrumah a émis la lumineuse idée du « Africa must unite », il y avait chez lui une inspiration, une vision et une volonté politique qui ont fait marcher la jeunesse africaine de son temps. Aujourd’hui, laissons-nous entrainer par le rêve de Brice SAMPO. Il répond aux questions du P. Jean-Paul Sagadou.

J-Paul Sagadou : Peux-tu te présenter aux lecteurs de notre site ?

Brice Sampo (B.S) : Je suis Brice Wend-Yam Vivien SAMPO, j’ai 25 ans, je suis étudiant en quête d’un diplôme d’expertise comptable. J’ai eu l’honneur de participer à la 6ème édition des Voyages d’Intégration Africaine au Sénégal.

J-P. S : Quelles sont les autres activités que tu mènes dans la vie ?

B.S. : Comme je le disais plus haut, je suis actuellement étudiant dans le domaine de l’expertise comptable. J’aspire à la fonction d’expert-comptable. Je donne la priorité actuellement à mes études, du coup, je n’ai pas d’activités associatives particulières. Cela dit, je ne cesse d’éveiller les consciences autour de moi sur l’obligation pour nous Africains de revisiter l’histoire de notre continent. De même, je ne cesse de militer pour une Afrique unie.

J-P. S : Quels sont tes liens le réseau de jeunes pour l’intégration africaine (RJIA) ?

B. S. : Je suis un membre sympathisant du RJIA. Très constamment en dehors de mon pays, je n’ai guère le temps de suivre les activités de la section RJIA de mon pays. J’ai eu le bonheur de participer aux voyages d’intégration africaine (V.I.A) qu’organise le RJIA. C’était en août 2015 au Sénégal. Cette activité est clairement celle qui m’a ouvert les yeux sur la nécessité, voire l’obligation, pour l’Afrique de se fédérer afin que les efforts de nos chers aînés panafricanistes, qui ont rêvé d’une Afrique nouvelle, plus forte et plus solidaire, ne soient pas vains. Ce que je retiens de ce VIA en août 2015, c’est que L’Afrique ne pourra être libre que lorsque l’union sera effective.

J-P. S : Comment vois-tu l’évolution des V.I.A ?

B. S.: Déjà, il faut dire que le travail abattu durant les précédents V.I.A est remarquable, d’autant plus qu’à travers cela, des jeunes de divers horizons ont appris à se connaître, à vivre ensemble, à rêver ensemble et surtout à revisiter l’histoire de notre continent. Maintenant pour ce qui concerne l’avenir, j’aimerais que les V.I.A soient plus axés sur des réflexions qui mèneront à des actions fortes dans les différents pays où existe une représentation du R.J.I.A. Il est possible par exemple de mener des actions concrètes dans le sens de l’éveil des consciences en travaillant en étroite collaboration avec les ministères en charge de l’éducation de nos pays pour que soit intégrés dans les programmes scolaires, l’enseignement de l’histoire de notre continent.

J-P. S : Quels sont tes rêves pour l’Afrique ?

B. S.: Je rêve d’une Afrique stable, où règne la paix, la quiétude. Ce sont les conditions indispensables du développement du continent. Par ailleurs, j’assume, dans la diversité et l’unité de leur point de vue, les rêves de Cheikh Anta Diop, Nkrumah et Joseph Ki-Zerbo, rêves centrés sur une Afrique unie ou autour d’un état fédéral. Je rêve que notre génération crée les conditions d’un environnement qui permette à l’Afrique de tenir sa place sur la scène internationale. La réalisation de ces rêves commencera évidemment par notre capacité à faire de notre continent un espace où on ne parle plus de famine, de terrorisme, de tribalisme et de toutes sortes de fléaux. Si nous rêvons ensemble, cela se réalisera ! J’y crois !

 

 


3 août 2020
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[Faire rêver les jeunes]

#Célébrons le 11ème anniversaire des Voyages d’intégration africaine (V.I.A)
#Le rêve panafricain de Véronique Poropo.

 

Longue est la liste de tous ceux et de toutes celles qui, hier encore, parvenaient, à faire rêver les hommes, à élever leur esprit, à mobiliser leur énergie.  Quand Nkrumah a émis la lumineuse idée du « Africa must unite », il y avait chez lui une inspiration, une vision et une volonté politique qui ont fait marcher la jeunesse africaine de son temps. Aujourd’hui, laissons-nous entrainer par le rêve de Véronique POROPO. Elle répond aux questions du P. Jean-Paul Sagadou.

J-P. S. : Qui est Véronique Poropo ?

Véronique Poropo (V.P) :  Je suis une jeune togolaise, juriste de formation ( spécialité Droit des Affaires). Actuellement, je suis stagiaire dans un service parapublic à Lomé au Togo.

J-P. S. : Quelles sont les activités qui mobilisent actuellement tes énergies ? 

V. P.: Le travail est ce que ce qui mobilise actuellement mes énergies. Étant stagiaire et en quête d’emploi fixe, je donne le meilleur de moi-même dans l’espoir d’un possible recrutement à la fin de mon stage.

J-P. S : Quels sont tes liens avec le Réseau de Jeunes pour l’Intégration Africaine (R.J.I.A) ?

V. P. : Je suis membre de la section RJIA du Togo. Cela dit, je n’assume pas de responsabilités particulières au sein du réseau. Bien plus, mes activités ne me laissent guère le temps de participer aux activités organisées par le réseau. Néanmoins, je suis le fil des évènements à travers la plateforme WhatsApp et participe financièrement, dans la mesure de mes possibilités, aux besoins de la section. J’ai eu l’occasion de participer aux V.I.A au Bénin et au Mali et je pense que c’est une très bonne initiative en ce sens qu’elle nous permet d’aller à la rencontre de l’autre et de l’accepter avec ses différences. Nous apprenons en outre que nous avons toujours besoin des autres pour la formation de notre personnalité (« Je suis parce que nous sommes » = Ubuntu). Grâce aux V.I.A, j’ai appris à ne plus porter des préjugés sur les autres. J’ai appris aussi que,quel que soit le chemin que l’on emprunte, on a toujours besoin de l’aide des autres.

J-P. S : Comment vois-tu l’évolution des V.I.A ?

V. P.: Je souhaiterai voir les VIA s’ouvrir d’avantage aux pays anglophones. L’unité de l’Afrique m’importe et pour cela la jeunesse africaine dépasser les catégories laissées par la colonisation pour aller vers plus d’unité, et cela commence dans le type de rencontres qu’organise le Réseau de Jeunes pour l’Intégration Africaine.

J-P. S : Quels sont tes rêves pour l’Afrique ?

V.P. : Je voudrais voir les Africains se tenir main dans la main pour affronter les difficultés et permettre à l’Afrique de place sa place dans le concert des nations.  Pour finir, un sincère merci au Père Jean-Paul SAGADOU pour tout ce qu’il a fait et continue de faire pour la jeunesse africaine.


1 août 2020
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[Faire rêver les jeunes]

#Célébrons le 11ème anniversaire des Voyages d’intégration africaine (V.I.A)
#Rêvons avec la jeunesse africaine !

Longue est la liste de tous ceux et de toutes celles qui, hier encore, parvenaient, à faire rêver les hommes, à élever leur esprit, à mobiliser leur énergie.  Quand Nkrumah a émis la lumineuse idée du « Africa must unite », il y avait chez lui une inspiration, une vision et une volonté politique qui ont fait marcher la jeunesse africaine de son temps. Aujourd’hui, laissons-nous entrainer par le rêve de Mathilde AKOH. Elle répond aux questions du P. Jean-Paul Sagadou.

 

J-P. S. : Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Mathilde Akoh : Je suis Mathilde AKOH de nationalité togolaise. Je suis sociologue et gestionnaire de projet. Jeune engagée dans la lutte contre le VIH et pour l’accès des jeunes et adolescents aux services de santé de la reproduction.

J-P. S. : C’est quoi le plus important pour toi dans la vie ? Qu’est-ce qui mobilise tes énergies?

M. A: Être au service des autres, pouvoir être utile à ma communauté : voilà ce qui mobilise mes énergies et constitue du même coup le plus important pour moi dans la vie.

J-P. S : Quels sont tes liens avec le RJIA ?

M. A : Je fais partie du RJIA, section Togo, mais je suis ne pas à un poste de responsabilité particulier. J’ai eu l’occasion de participer à deux éditions de V.I.A, (au Burkina Faso en 2009 et au Mali en 2011).  Je fais donc partie des pionniers. Pour moi, les V.I.A sont une activité très novatrice que je souhaite voir continuer. Ma participation aux voyages d’intégration m’a permis de rentrer en contact avec d’autres jeunes d’Afrique et d’avoir une autre vision sur le continent africain.

J-P. S : Comment vois-tu l’évolution des V.I.A ?

M. A: Je voudrais que les VIA ne se limitent pas qu’aux pays de l’Afrique de l’ouest mais s’étendent à toute l’Afrique et que de nombreux jeunes puissent découvrir l’Afrique et se réapproprier leur histoire grâce à ces voyages d’intégration.

J-P. S : Quels sont tes rêves pour l’Afrique ?

M. A: Je rêve d’une Afrique unifiée, une Afrique indépendante sur tous les plans où nous n’aurions plus rien à envier aux pays de l’Occident.

 


31 juillet 2020
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[Faire rêver les jeunes]

#Célébrons le 11ème anniversaire des Voyages d’intégration africaine (V.I.A)
#Rêvons avec la jeunesse africaine !

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Longue est la liste de tous ceux et de toutes celles qui, hier encore, parvenaient, à faire rêver les hommes, à élever leur esprit, à mobiliser leur énergie.  Quand Nkrumah a émis la lumineuse idée du « Africa must unite », il y avait chez lui une inspiration, une vision et une volonté politique qui ont fait marcher la jeunesse africaine de son temps. Aujourd’hui, laissons-nous entrainer par le rêve de Etienne ZIDA. Il répond aux questions du P. Jean-Paul Sagadou.

 

J-P. S. : Qui est Etienne Zida ?

Etienne Zida : Je suis gestionnaire de projets, burkinabè résident à Ouagadougou. Je suis membre du RJIA section Burkina Faso

J-P. S. : Quelles sont les activités qui mobilisent actuellement tes énergies ? Que fais-tu dans la vie ?

E.Z : C’est d’abord le travail au service ou j’ai en charge la coordination des activités du personnel qui sont sous ma responsabilité, la recherche de partenaire, la rédaction des projets mais aussi la mobilisation des fonds. Il y a ensuite les activités dans les associations telles que le RJIA où je suis membre du bureau. Je suis engagé aussi dans les activités de l’association des ressortissants de mon village (Zingdéghin, village située dans la commune urbaine de Kombissiri dans la province du Bazèga). Au niveau de cette association, nous sommes en train de nous mobiliser autour de plusieurs projets, entre autre, pour trouver des fournitures scolaires pour les élèves et les enseignants de cette localité pour la rentrée scolaire 2020-2021, sans oublier le projet de confectionner des tables bancs, de réhabiliter l’école et à long terme de construire une salle de trois (03) classes. Dans mes temps libres, j’accompagne aussi des ONG, des associations, des entreprises dans la rédaction, la planification, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de leurs projets. J’enseigne aussi le management des projets dans les universités et instituts privés. Enfin, le social m’intéresse aussi à travers notamment l’accompagnement de personnes démunies, surtout en cette période de pandémie.

J-P. S : Quels sont tes liens avec le RJIA ?

Au Burkina Faso, je suis membre du bureau RJIA en tant que chargé de projets. J’ai participé au VIA 2017 à Accra et aux ATIA 2019 à Abidjan. Les VIA sont des opportunités de rencontre, d’échanges d’interculturels, de promotion de l’intégration africaine. C’est aussi une porte de retour de la diaspora africaine en mémoire de la porte de non-retour des vaillantes africaines et vaillants africains arrachés à leur terre natale pendant l’esclavage. Les VIA m’ont permis de découvrir, de tisser des liens d’amitié avec des frères et sœurs d’horizon divers, de me former, mais aussi d’enrichir mon carnet d’adresse. Ça m’a permis de déconstruire mes préjugés. Ça a été une opportunité de rencontrer des intellectuels tel que Felwine SARR, Amzat BOUKARI-YABARA, Nadia Yala KISUKIDI et des jeunes entrepreneurs comme Ken KAKENA. Je crois que tout cela m’a aidé à développer mon esprit d’entrepreneuriat.

J-P. S : Comment vois-tu l’évolution des V.I.A ?

E.Z. : Les VIA doivent être maintenu et leur évolution doit prendre en compte la situation sociopolitique, sécuritaire, ainsi que la gouvernance du continent africain. Il est nécessaire que les VIA mettent l’accent sur la formation politique des jeunes, en instituant un système de mentorat pour l’accompagnement des jeunes formés et en créant une école Ubuntu (physique et/ou virtuelle à travers une plateforme web) pour le perfectionnement de la formation des jeunes. Le contenu des formations pourra être adopté de commun accord entre les jeunes et les intellectuels qui mettent le panafricanisme au centre de leurs idéologies.

J-P. S : Quels sont tes rêves pour l’Afrique ?

E.Z. : Je rêve d’un continent uni avec une jeunesse rééduquée et des enfants éduqués sur les valeurs d’un panafricanisme revisité, revalorisé. Un continent où les dirigeants de nos nations créent les conditions qui permettent aux opérateurs économiques du continent de développer le continent. Cela nécessite que les dirigeants politiques travaillent à dépasser leurs intérêts égoïstes et le souci de leurs familles et amis. Une éducation politique au bien commun serait dans ce sens indispensable. Nous avons besoin d’un continent avec une classe politique renouvelée, éthiquement bien formée et prête à travers en se collant au plus près des réalités socio-culturelles du continent.

 

 

 


3 juin 2020
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Devenir des « poètes » de l’unité africaine.

 

Jean-Paul est l’initiateur des Voyages d’Intégration Africaine (V.I.A). Depuis une dizaine d’années, il travaille à donner à la jeunesse africaine la possibilité de participer à la construction d’une Afrique nouvelle par des rencontres interculturelles et interreligieuses d’intégration africaine. Dans cette chronique, il est en quête les leçons du covid-19 pour la jeunesse africaine.

 

 

Léopold Sédar Senghor nous a enseigné que c’est en poète que l’être humain doit habiter la terre pour être digne d’exister. C’est peut-être le dernier appel qu’on peut lancer à la jeunesse africaine et afro-descendante : devenir des « poètes » de l’unité africaine. En grec, le mot « poète » signifie d’abord « celui qui fabrique, celui qui crée » ; puis de l’idée de création et d’invention, l’on est passé à celle de l’imagination créatrice et d’activité de mise en forme verbale de l’inspiration poétique[1]. Il semble que c’est ce que fait le dyâli[2] : il fabrique le chant et le fait entendre aux autres. Faire entendre, c’était aussi le sens originel qu’on donnait au mot « kôra[3] » en mandingue.

Bref, il nous faut inventer, créer une autre Afrique à la mesure des enjeux du moment.  La créativité ou l’esprit de créativité est un pouvoir. Un pouvoir de création, c’est-à-dire d’élaboration, d’innovation, d’invention ou de conception qui, par un simple acte de volonté, de courage et parfois d’intrépidité, permet que ce qui n’est rien ou presque, devienne quelque chose ou que ce qui était quelque chose, devienne une autre. Grâce à notre capacité de créativité, nous pouvons concevoir, organiser et développer. L’histoire africaine sollicite nos initiatives, nos audaces. Serons-nous à la hauteur des attentes de ce continent ? L’Europe compte au moins 27 pays aux liens organiques, l’Amérique de Trump fonctionne sur le principe de « America first », les États dits émergents constituant le BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine…) ont des relations très concertées.  Les pays de l’Amérique Latine développent une coopération pour résister à l’isolement. Les pays d’Asie et du Pacifique entretiennent une Coopération efficace. Les pays de l’Océanie ne sont pas abandonnés à la dérive du chacun pour soi. Donc, comment à l’heure des grands rassemblements, l’Afrique peut-elle continuer à chérir le modèle du « chacun pour soi » ? Comment laisser, à cette ère des grands rassemblements, chaque territoire africain évoluer dans le principe « du chacun pour soi » ? Dans son tout récent livre sur L’urgence africaine, l’économiste togolais Kako Nubukpo a rappelé que lors de la première conférence panafricaine organisée sur le continent africain, à Accra, en octobre 1958, Nkrumah avait assené : « Les barrières et frontières artificielles tracées par les impérialistes pour diviser les peuples africains, au détriment des Africains, doivent être abolies ou modifiées »[4]. Si nous voulons changer nos conditions de vie en Afrique, si nous voulons changer de cap, alors il nous faudra dépasser les égoïsmes nationaux, travailler à la mise en place d’une monnaie commune avec une banque centrale, la mise en place d’une diplomatie commune, avec un commandement militaire commun ainsi que la valorisation du « consommer local » et du « made in africa »[5], etc. Tout cela ne se fera pas sans une vraie «  décolonisation des économies, des politiques et des cultures afin de créer un nouveau départ pour le continent »[6].

Vraiment, vous n’avons pas le choix : il nous faut imaginer, il nous faut créer une Afrique à la hauteur de nos aspirations, les plus fortes. « L’Afrique, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est une construction européenne. Ce sont les Européens qui l’ont baptisée, dessinée, créant des fractures au cœur d’ensembles homogènes, imposant leur langue par des politiques d’assimilation, comme le firent les colons français »[7]. C’est une raison suffisante pour que nous soyons devant la nécessité de nous recréer, de nous réinventer. Imagination et créativité sont des ressources indispensables pour ceux qui veulent inventer une nouvelle manière d’être au monde, une nouvelle manière « d’être-Afrique » et de « faire-Afrique ». Quand dans son œuvre Orphée-Dafric [8], Werewere Liking nous renvoie au mythe d’Orphée, elle veut éclairer notre nuit par une lumière neuve. Orphée, « est celui qui a traversé le séjour des défunts avant de remonter à la surface, détenteur de secrets offertes uniquement à ceux qui ont entrepris ce voyage, cette initiation. Poète musicien, Orphée incarne aussi l’imagination, la créativité, ressources nécessaires à ceux qui doivent se relever. Ayant voyagé en Égypte, il s’y est instruit des mystères d’Osiris, figure par excellence du mort ressuscité »[9]. En tout cas, n’oublions pas l’enseignement de la sagesse africaine qui dit que « la forêt n’est pas une richesse tant que les hommes et les femmes ne la transforment pas ».

 

Jean-Paul Sagadou

Initiateur des V.I.A

 

 

[1] Cf. Frédéric TREFFEL, La Tentation de l’Afrique. Néo-gratitude, Afropolis, Mondialité, éd. Honoré Champion, Paris, 2019, p.

[2]Dyâli : Mot d’origine mandingue. C’est un troubadour, un poète, un chanteur d’Afrique de l’Ouest, dans la zone soudano-sahélienne.

[3] La kora est un instrument de musique à cordes originaire du Mali que l’on trouve dans toute l’Afrique de l’Ouest.

[4] Cf. Kako NUBUKPO, L’urgence africaine. Changeons le modèle de croissance !, éd. Odile Jacob, Paris, 2019, p. 129-130.

[5] Cf. Idem, p. 131.

[6] Ngugi Wa Thiong’o, Pour une Afrique libre, Philippe Rey, Paris, 2017, p. 77.

[7] Léonora MIANO, Habiter la frontière, L’Arche, 2012, p. 26.

[8] Orphée-Dafric, L’Harmattan, Paris, 1981.

[9] Léonora MIANO, L’impératif transgressif, L’arche, 2016, p. 15.


27 mai 2020
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Se former au panafricanisme.

 Jean-Paul est l’initiateur des Voyages d’Intégration Africaine (V.I.A). Depuis une dizaine d’années, il travaille à donner à la jeunesse africaine la possibilité de participer à la construction d’une Afrique nouvelle par des rencontres interculturelles et interreligieuses d’intégration africaine. Dans cette chronique, il est en quête les leçons du covid-19 pour la jeunesse africaine.

Réactiver le rêve africain, pour les jeunes, c’est se former au panafricanisme. Il faut inviter la jeunesse africaine à parcourir l’histoire et à prendre conscience que les luttes les plus réussies ont été celles qui remettaient en cause la manière dont les Africains ont été définis et regroupés par la mémoire européenne colonisatrice[1]. Initialement pensé par des intellectuels africains de la diaspora, puis nourrie par les idées d’Africains continentaux, le panafricanisme se veut une réponse politique aux divisions européennes de l’Afrique. Marcus Garvey, Edward Wilmot Blyden, Henry Sylvester-Williams, Amy Ashwood Garvey, W.E.B. Du Bois, C.L.R. James, Kwame Nkrumah, Georges Padmore, Frantz Fanon et beaucoup d’autres hommes et femmes ont rêvé et imaginé une Afrique unie qui aura sa lumière et sa puissance propres. Ils envisageaient une Afrique sans frontières intérieures, une Afrique qui jouerait son rôle légitime dans la communauté des nations sans complexe. Quand Kwame Nkrumah a eu la lumineuse idée de lancer son « Africa must unite »[2], il y avait chez lui une inspiration, une vision et une volonté politique qui ont fait marcher de nombreux jeunes de son époque[3]. En même temps, certains hommes politiques, à l’époque de Nkrumah, ne voulaient pas de l’unité africaine. Et voilà où nous en sommes : 60 ans après les indépendances, l’Afrique reste un continent émietté, délabré, divisé, sous-développé. 60 ans après les indépendances, les africains s’accordent sur leurs problèmes, mais ils continuent de se battre sur la manière de les résoudre.

En fait, le panafricanisme réclame un peuple de convaincus loyaux et dévoués pour illuminer l’humanité. Sans une jeunesse convaincue, l’idéologie panafricaniste restera théorique. Cheikh Anta Diop dit même que nous avons un devoir à accomplir à l’égard de l’Europe : l’aider à guérir des vieilles habitudes contractées par suite de l’exercice du colonialisme. Chaque jeune africain doit exceller dans tout ce qu’il fait pour devenir une personne complète, autonome et artisan du panafricanisme en poussant systématiquement son potentiel humain, intellectuel, matériel et spirituel au maximum. Il convient donc que chacun étudie sans cesse, s’autocritique et se corrige sans cesse. Nous devrons être des relais intelligents et pratiques du panafricanisme. L’excellence doit être notre ambition. Elle est la clé de voûte du panafricanisme. En tout état de cause, ne perdons pas la mémoire de l’histoire. Un peuple sans mémoire ni instruction adéquate se condamne à subir des maux subits dans le passé. En fait, ainsi que l’écrivent le Collectifs d’intellectuels de différents pays d’Afrique dans leur interpellation aux dirigeants du continent africain face à la pandémie du Covid-19, « le panafricanisme [aussi] a besoin d’un nouveau souffle. Il doit retrouver son inspiration originelle après des décennies d’errements. Si les progrès en matière d’intégration du continent ont été faibles jusque-là, la raison est que celle-ci n’a été conçue que sur la base de la seule « doxa » du libéralisme économique. Or, la pandémie du coronavirus montre tristement l’insuffisance de la réponse collective du continent autant sur le volet sanitaire qu’ailleurs. Plus que jamais, nous sommes placés devant la nécessité d’une gestion concertée et intégrée de domaines relatifs à la santé publique, à la recherche fondamentale dans toutes les disciplines scientifiques et aux politiques sociales »[4].

Dans le renouveau du panafricanisme, le rôle de la jeunesse doit être déterminant. Le panafricanisme n’a pas le droit d’échouer. Finalement, si la révolte de la jeunesse africaine, que l’on observe ici et là, ne s’accompagne pas de la plus profonde connaissance de soi et de l’histoire de l’Afrique, cela ne vaut pas la peine. L’urgence africaine est aussi de ce côté-là : que les jeunes africains deviennent des « poètes » pour l’Afrique.

 

Jean-Paul Sagadou

Initiateur des V.I.A

[1] Cf. Ngugi Wa Thiong’o, Pour une Afrique libre, Philippe Rey, Paris, 2017, p. 65.

[2] Kwame Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, Présence africaine, 1994.

[3] Cf. Joseph KI-ZERBO, A quand l’Afrique, op. cit, p. 16.

[4] Cf. https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/130420/aux-dirigeants-du-continent-africain-face-au-covid-19-il-est-temps-dagir


23 mai 2020
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Assumer le rêve éveillé de Kwame Nkrumah

Jean-Paul est l’initiateur des Voyages d’Intégration Africaine (V.I.A). Depuis une dizaine d’années, il travaille à donner à la jeunesse africaine la possibilité de participer à la construction d’une Afrique nouvelle par des rencontres interculturelles et interreligieuses d’intégration africaine. Dans cette chronique, il est en quête les leçons du covid-19 pour la jeunesse africaine.

 

« Nkrumah ou le rêve éveillé », est le titre que le professeur Stanislas Adotevi donne à un texte publié en 1973 dans la revue Présence Africaine[1]. Dans ce texte, ce philosophe et homme politique béninois situe Nkrumah entre Lawrence d’Arabie et Machiavel. D’après lui, le premier définit le rêve de Nkrumah et le second explique, par sa tension dramatique, la solitude tragique d’un homme pour qui la domination étrangère a été un scandale intolérable. Ce faisant, Adotevi rapproche Nkrumah de Machiavel. Pour lui, l’auteur du Prince a été, en quelque sorte, le créateur d’un mythe, non pas mystique, mais d’une réalité appelée à se transformer. Pour Stanislas Adotevi, Machiavel est l’auteur d’un discours qui cherche les moyens et qui donne les moyens de sortir d’une situation donnée. Pour lui, le mythe, chez Machiavel, est l’expression dramatique d’une pensée non théorique qui vise à susciter chez un peuple déchiré, écrasé et pulvérisé une conscience collective.

Stanislas Adotevi rapproche aussi Nkrumah de Lawrence d’Arabie. Celui-ci, dans son livre les Sept piliers de la sagesse, écrit : « Tous les hommes rêvent, mais pas également. Ceux qui rêvent la nuit, dans les replis poussiéreux de leur pensée, s’éveillent le jour et rêvent que c’était vanité. Mais les rêveurs de jour sont les hommes dangereux, car ils peuvent agir leur rêve les yeux ouverts, pour les rendre possibles. » On peut aisément appliquer ces mots à Nkrumah, l’auteur de L’Afrique doit s’unir.  Et Adotevi d’écrire, « Le rêve éveillé de Nkrumah, poursuivi les yeux ouverts pendant 63 ans, n’est que le rêve d’une Afrique libérée des phantasmes du passé et du présent ; forte, à la mesure d’elle-même, se donnant à elle-même sa propre loi ; encore rien, mais riche de tous les possibles ; qui peut et doit se faire. Nkrumah veut aller très loin. Il veut affirmer le pouvoir que détient l’homme africain, l’homme noir, par son intelligence et sa souffrance, de maîtriser le jeu aveugle des forces de domination coloniale ».

Pour assumer le rêve de Nkrumah, la jeunesse africaine doit commencer par la connaissance de la pensée de celui qui fut l’architecte d’un changement social au Ghana. Il faut lire ses œuvres, depuis l’Autobiographie, l’Afrique doit s’unir, jusqu’à celui intitulé le néo-colonialisme stade suprême de l’impérialisme, en passant par Le consciencisme. Une des paroles les plus fortes que Nkrumah laisse à la jeunesse africaine est sans doute celle-ci : « Divisés, nous sommes faibles ; unie, l’Afrique pourrait devenir et pour de bon, une des plus grandes forces de ce monde. Je suis profondément et sincèrement persuadé qu’avec notre sagesse ancestrale et notre dignité, notre respect inné pour la vie humaine, l’intense humanité qui est notre héritage, la race africaine, unie sous un gouvernement fédéral, émergera non pas comme un énième bloc prompt à étaler sa richesse et sa force, mais comme une grande force dont la grandeur est indestructible parce qu’elle est bâtie non pas sur la terreur, l’envie et la suspicion, ni gagnée aux dépend des autres, mais basée sur l’espoir, la confiance, l’amitié et dirigée pour le bien de toute l’humanité. »[2]. Réactiver le rêve africain, c’est se former au panafricanisme.

 

Jean-Paul Sagadou

Initiateur des V.I.A

[1] Présence Africaine, n° 85, 1973, pp.11 – 24

[2] Kwame Nkrumah, I Speak of Freedom: A Statement of African Ideology, London: William Heinemann Ltd., 1961.


20 mai 2020
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[Réactiver le rêve africain] : L’unité de l’Afrique : un rêve possible.

 Jean-Paul Sagadou est l’initiateur des Voyages d’Intégration Africaine (V.I.A). Depuis une dizaine d’années, il travaille à donner à la jeunesse africaine la possibilité de participer à la construction d’une Afrique nouvelle par des rencontres interculturelles et interreligieuses d’intégration africaine. Dans cette chronique, il est en quête les leçons du covid-19 pour la jeunesse africaine.

 

Dans son livre Pour une Afrique libre[1], l’écrivain Kenya Ngugi Wa Thiong’o, écrit que « notre monde actuel doit beaucoup à ceux qui ont rêvé ». L’unité de l’Afrique n’est pas un rêve impossible. Au contraire, les « rêves ont toujours dressé un tableau du possible idéal. Dans notre imagination, nous dessinons les lignes d’un avenir, puis nous tentons de le réaliser »[2]. Il semble qu’à l’époque où quelques humains ont commencé à concevoir l’idée de voler, ils ont été qualifiés de rêveurs, pas de réalistes. Mais ils ont continué à rêver et à essayer. De même, il semble qu’au moment de l’esclavage, dans les plantations, ceux qui parlaient de liberté étaient considérés comme des rêveurs. Mais ils n’ont pas cessé de rêver et d’essayer de réaliser leur rêve. Il en va de même pour les rêveurs de la résistance anticoloniale, qui ont continué à imaginer la victoire et à œuvrer dans sa direction. Il n’est pas vain de rêver que « le temps viendra où nos fraternités se donneront une appellation pacifiée, affranchie du regard des oppresseurs »[3].

Sur cette question de l’unité africaine, l’écrivaine Léonora Miano, écrit : « J’ai ce rêve depuis toujours d’une Afrique unifiée »[4]. Pour elle, « l’unité de l’Afrique est un rêve qu’ont les Africains et certains Afrodescendants depuis longtemps »[5]. Ce rêve l’a toujours habité et tout récemment elle a partagé ce rêve dans un roman intitulé Rouge impératrice. Rouge impératrice  est un roman d’anticipation où Léonora Miano prend sur elle la belle idée de créer des personnages qui incarnent des idéaux dans une Afrique souveraine. Le roman est nourri de légendes africaines, de mots africains où se laisse envisager une Afrique en train de s’inventer elle-même. Rouge impératrice, « c’est le rêve que nous faisons avant de commencer à penser notre avenir. Puisqu’on parle beaucoup, notamment au sein de la jeunesse africaine, de panafricanisme, le roman fournit un peu matière à réflexion : à quoi pourrait ressembler un avenir plus glorieux ? Est-ce que le panafricanisme est faisable ? En racontant une histoire et en plaçant des personnages en situation, on arrive à voir comment on peut procéder. C’est un roman qui fait du bien, tout en bousculant »[6].

Léonora Miano rêve d’un continent africain unifié sous le nom « décolonial » de Katiopa.  L’intelligence et le cœur sont dilatés à la lecture de ce qu’elle écrit : « Les peuples caressaient secrètement le rêve de l’unité qu’avaient porté leurs aïeux, mais beaucoup s’étaient résolus à ce qu’il ne soit jamais réalisé. Ceux qui les avaient précédés ne leur avaient laissés que des noms, des figures de grands défunts à vénérer. Ils ne leur avaient pas enseigné ce que Ntambawe et les membres de l’Alliance leur apprendraient : que la mémoire ne servait à rien si l’on ne savait en faire un socle pour bâtir le futur, que la souveraineté ne serait d’aucune utilité si elle ne prenait pas appui sur la puissance »[7]. Le Katiopa doit travailler « à son élévation, à son épanouissement. Ne plus laisser les autres apporter des solutions toutes faites à des problèmes qu’il n’avait même pas eu le temps de se poser »[8]. Pour Leonora Miano, « Les solutions fédéralistes sont les plus positives, parce que ce sont celles qui nous mettent tout de suite dans l’obligation de prendre en compte les besoins des autres et de considérer que nous sommes tous dans le même bateau »[9]. Pour elle, les États hérités de la colonisation, sont des fabrications européennes, qui ont imposé une conception de la nation qui n’est pas en adéquation avec la sensibilité subsaharienne. Même seulement à l’échelle régionale, avec par exemple une fédération d’Afrique de l’Ouest ou d’Afrique de l’Est, le fédéralisme sera de toute façon toujours plus pertinent pour nous, dans tous les domaines, laisse-t-elle entendre.

A leur manière, chacun de ces écrivains, Ngugi Wa Thiong’o d’un côté et Léonora Miano de l’autre, essaient d’assumer l’héritage du rêve de Kwame Nkrumah, et c’est dans cette dynamique qu’il faut pousser et orienter la jeunesse africaine.

 

Jean-Paul Sagadou

Initiateur des Voyages d’Intégration Africaine (V.I.A)

[1] Ngugi Wa Thiong’o, Pour une Afrique libre, Philippe Rey, Paris, 2017, p. 78.

[2] Idem, p.77.

[3] Léonora MIANO, L’impératif transgressif, L’arche, 2016, p. 103.

[4] https://www.franceculture.fr/emissions/le-reveil-culturel/leonora-miano-jai-ce-reve-depuis-toujours-dune-afrique-unifiee

[5] https://www.iz3w.org/zeitschrift/ausgaben/377_mode/miano_original/ consulté le 27/04/20 à 9h30

[6] https://www.iz3w.org/zeitschrift/ausgaben/377_mode/miano_original/ consulté le 27/04/20 à 9h30

[7] Léonora MIANO, Rouge impératrice, Grasset, Paris, 2019, p. 78.

[8] Idem, p. 90.

[9] https://www.iz3w.org/zeitschrift/ausgaben/377_mode/miano_original/ consulté le 27/04/20 à 9h30


13 mai 2020
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 [Réactiver le rêve africain] : Ouvrir de nouvelles perspectives pour l’Afrique.

 Jean-Paul est religieux assomptionniste. Il est l’initiateur des Voyages d’Intégration Africaine (V.I.A). Depuis une dizaine d’années, il travaille à donner à la jeunesse africaine la possibilité de participer à la construction d’une Afrique nouvelle par des rencontres interculturelles et interreligieuses d’intégration africaine. Dans cette chronique, il est en quête les leçons du covid-19 pour la jeunesse africaine.

 

Les espoirs et les attentes des jeunes africains ne seront comblés qu’au cœur d’une Afrique unie, forte, réconciliée, libérée de ses identités meurtrières et nourrie par le dialogue pacifique de ses identités multiples. L’intégration africaine est un instrument essentiel pour l’avenir de l’Afrique. Ces dernières années, de nombreux intellectuels africains l’ont affirmé fortement : la constitution des États-Unis d’Afrique est la seule voie qui ouvre des perspectives nouvelles pour le continent. L’intégration africaine est perçue comme la seule réponse convaincante au défi de la mondialisation ultralibérale et la planche de salut la plus sûre pour le continent africain.

Pour Joseph Ki-Zerbo, « l’option panafricaniste, aujourd’hui comme hier, demeure incontournable »[1]. Dans son Appel à la Jeunesse Africaine, Théophile Obenga affirme que « le futur de l’Afrique est panafricain, uniquement panafricain, toujours panafricain (…) Réanimer et revivre l’identité politique panafricaine, à travers les intégrations régionales et continentales, est le parcours adéquat vers le développement »[2]. Pour Cheikh Hamidou Kane, « L’Afrique doit s’unir, réellement, véritablement, rapidement, mettre en commun ses ressources humaines, au premier rang desquelles sa jeunesse, et ses ressources matérielles, parmi les plus considérables et les plus convoitées de la planète»[3]. Pour Edem Kodjo, « il n’y a pas d’avenir pour l’Afrique sans le panafricanisme et il ne saurait y avoir de renaissance véritable sans ressourcement au vin fort du panafricanisme »[4]. Pour Amzat Boukari-Yabara, « l’histoire du panafricanisme donne des clés pour comprendre, et parfois résoudre, les questions et les problèmes qui se posent à l’Afrique et que se posent les Africains »[5].  Plus récemment encore, au colloque « Penser et écrire l’Afrique », au Collège de France à Paris, l’historien et politologue camerounais, Achille Mbembe demandait que nous travaillions « à ouvrir l’Afrique à elle-même » en faisant de ce vaste continent un espace de circulation. Plus précisément, pour lui, « Il faut récupérer dans l’histoire précoloniale du continent la notion de transnationalité, retrouver cette circulation qui existait autrefois à travers les empires caravaniers et le commerce à longue distance. Il faudrait arriver à l’abolition des frontières héritées de la colonisation, car nul ne veut des Africains ailleurs »[6].

Fondamentalement, le projet d’une fédération continentale africaine doit mobiliser les énergies des jeunes africains. Le projet d’une Afrique unie peut paraître utopique pour certains. Mais, « l’utopie panafricaine est salutaire. Étant politique, elle peut devenir réalité demain »[7]. Il y a vraiment nécessité et urgence à éveiller chez les jeunes africains tous les sentiments qui leur permettent de participer à la construction d’une Afrique unie, parce que c’est notre intérêt de travailler à l’émergence d’une Afrique unie, politiquement stable, économiquement forte et raisonnablement gouvernée. L’enjeu est tellement important que nous devrions travailler tous pour que se mette en place la seule voie qui ouvre des perspectives nouvelles pour le continent, celle de la constitution des États-Unis d’Afrique noire. Le rendez-vous de l’histoire avec l’Afrique ne saurait exister sans la jeunesse africaine. Avec elle, nous pouvons rêver du possible.

Jean-Paul Sagadou

Initiateur des Voyages d’intégration africaine (V.I.A)

 

[1] Joseph KI-ZERBO, Repères pour l’Afrique, Ed. Panafrika/Slex/Nouvelles du Sud, Dakar, 2007, p. 180.

[2] Théophile OBENGA, Appel à la jeunesse africaine, éd. Ccinia communication, 2007, p. 73.

[3] Cf. Cheikh Hamidou KANE, Préface au livre de Aminata TRAORE, L’Afrique humiliée, Fayard, Paris, 2008, p. 18-19.

[4]Edem KODJO, Panafricanisme et Renaissance africaine, Ed. Graines de Pensées, Lomé, 2013, p. 7.

[5]Amzat BOUKARI-YABARA, Africa Unite! Une histoire du panafricanisme, Ed. La découverte, Paris, 2014, p. 286-287.

[6] Cf. Le Point Afrique – Publié le 05/05/2016 à 16:13 – Modifié le 05/05/2016 à 18:03

[7] Théophile OBENGA, op.cit., p. 104.



Conditions de participation

– Etre âgé (e) de 20 à 40 ans.
– Vouloir vivre une expérience humaine, interculturelle, inter-religieuse et panafricaine.


Modalités d’inscription

– Curriculum vitae
– Lettre de motivation à envoyer via notre adresse mail



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